Zurück
  Cliquer ici pour le texte français

Véronique Rizzo
Ausstellung in der Galerie du Tableau in Marseille 2012


Monte Verità steht beispielhaft für den Zusammenfluss der Avantgarde der Epoche auf allen Gebieten, von der Psychoanalyse über Architektur und Literatur bis hin zum Tanz. Véronique Rizzo hat sich besonders für Gusto Gräser interessiert, die radikalste Gestalt in dieser Gemeinschaft, die den Wert des Geldes und der Kunst in Frage stellte. Dieser Künstler und wandernde Dichter will zurück zum Urzustand, befreit vom Kalkül der Interessen, auf Selbstversorgung und Tauschhandel setzend, ohne Haus und Besitz. Er verkörpert den „neuen Menschen“, den zu Beginn des Jahrhunderts Viele gesucht und erwartet haben. Hermann Hesse, der sich ihm seit 1906 in Freundschaft verbunden hatte, macht ihn zur Zentralgestalt in einigen seiner Dichtungen. Darin liegt vielleicht der verstörendste Aspekt dieses Einbruchs der Fotos von Gusto Gräser in die Collagen und Assemblagen von Véronique Rizzo: Dieser Künstler entwickelte sich, und zweifellos bewusst, erst zu einer öffentlichen Person, dann zu einem Mythos und schließlich zu einer Ikone. Er hatte seine Gemälde verbrannt und sich dazu entschlossen, kein Geld zu gebrauchen, bezahlte für seine Bedürfnisse, indem er Gedichte vortrug, und wanderte quer durch Europa, um seine Friedensmission zu erfüllen mit den Mitteln der Poesie und dem Zauber eines Tanzes ohne Musik. Eine dieser Photographien ist besonders bewegend und bezeichnend für den unzerstörbaren Heroismus eines Einzelnen angesichts von Scheitern und Untergang. Gusto durchquert allein, wie ein Phantom, die Ruinen des von Bomben zerstörten München am Ende des Krieges.

Pedro Morais
(Aus dem Begleittext zur Ausstellung in der Galerie du Tableau in Marseille vom 5. bis 17. März 2012. Sie wurde von Mai bis Juli auch in der Galerie La GAD in Marseille gezeigt.)


 
             
 
           

 


VERONIQUE RIZZO

La reflexion de Véronique Rizzo pour les mouvements d'avant-garde et le modernisme du XXème siècle, n'a jamais cherché à opposer l'histoire de l'art et celle des expériences politiques, radicales, voire utopiques. L’histoire même de l'abstraction géométrique en peinture est étroitement associée à des projets de transformation artistique et sociale, dans une lignée inaugurée par les constructivistes russes.
De là vient sans doute l'intérêt de I'artiste pour la communauté de Monte Verità, un laboratoire intellectuel et artistique fondé en 1900 à Ascona dans le Tessin suisse, paradigmatique de la confluence de l'avant-garde de l'époque dans tous les domaines, allant de la psychanalyse à I'architecture en passant par la littérature ou la danse. Véronique Rizzo s'est intéressée en particulier a Gusto Gräser, la figure la plus radicale de cette communauté, dans sa façon d'interroger la validité de l'argent et de I'art. Cet artiste et poète marcheur, aspire au retour à l’état de nature affranchi des calculs d'intérêts, voué à l'autosuffisance et au troc. II vit dans une caverne forestière, dort à même le sol sans aucun aménagement ni possession, incarnant « l'homme nouveau » tel que beaucoup I'attendent et le cherchent au début du siècle. Hermann Hesse qui se lie d'amitié avec lui des 1906, le transforme en personnage central de certains de ces textes. C’est peut-être là I’aspect le plus troublant de l'intervention des photos de Gusto Gräser dans les collages et assemblages de Véronique Rizzo. Cet artiste sans œuvres est devenu, sans doute consciemment, un personnage, puis un mythe, et ensuite une image. II avait brûlé ses tableaux et se résout à ne pas utiliser l'argent, payant ses besoins en récitant des poèmes, vagabondant à travers I'Europe pour déclamer son pacifisme, s'exprimant sur la poésie et le pouvoir de la danse sans musique. Les images de Gusto choisies par Véronique Rizzo, dans la pauvreté de leur reproduction, expriment aussi la façon dont la mémoire de cet esprit libre est aujourd'hui transmise à travers la reproduction appauvrie des seules photographies qui restent de lui. L'une de ces photos est particulièrement troublante et significative d'un romantisme indéfectible et solitaire face aux échecs et aux constats de désastre. Gusto traverse seul comme un fantôme les ruines de Munich bombardée à la fin de la guerre. Ce sont sans doute les contradictions internes à I’aspiration révolutionnaire, et aux rapports impurs entre l'art moderne et la transformation radicale de la société, qui sont évoquées par Véronique Rizzo dans son usage du faux bois en contreplaque et du néon, plutôt caractéristiques de la civilisation industrielle. En écho à la figure de Gusto, cette exposition est aussi un hommage silencieux à Bernard Plasse, dont les généreuses moustaches et queue de cheval assurent une présence discrète patiente, épicurienne et infatigable à la galerie du Tableau, où il a exposé un artiste par semaine pendant plus de vingt ans.

Pedro Marais

(Descriptif de l'exposition dans la Galerie du Tableau à Marseille du 5 au 17 mars 2012).