Extrait de:

https://artdeboutblog.wordpress.com/2018/04/02/de-la-magie-troisieme-du-monte-verita-a-notre-dame-des-landes-en-passant-par-lorient-de-hermann-hesse/

De la magie, du Monte Verità à Notre Dame des Landes en passant par l’orient de Hermann Hesse

par Rémi Marie

-

Rémi Marie est un écrivain indépendant et rédacteur en chef de la revue en ligne française Art Debout. Son travail a été exposé dans des musées, des galeries et des théâtres, comme le Musée d'Art Moderne, Paris, et Montevideo, Marseille, et il a publié dans des revues, comme Nioques et Le Quartanier. Depuis 2014, il collabore avec Ingrid Hoelzl, inventant les termes softimage et postimage. Ces travaux ont notamment été publiés dans Photographies, Visual Studies et Leonardo.

Après des décennies de lutte contre le projet d'aéroport à Notre Dame des Landes du début des années 2000, dans le nord de la France, la protestation a finalement abouti : la construction a été annulée début 2018 et une meilleure liaison ferroviaire a été établie à la place. Rémi Marie, artiste et éminent porte-parole de cette résistance, fait le lien entre les pionniers du Monte Verità et les défenseurs de la nature à ses côtés. Dans son essai, il propose une interprétation profonde du 'Voyage au pays de l'Est' de Hermann Hesse, dont Gusto Gräser est le héros caché. En voici un court extrait, concernant uniquement le Transylvanien.

. Ici, seconde parenthèse. Gustav Arthur Gräser, dit Gusto la mérite. Tout jeune il a vécu dans la commune de Karl Wilhelm Diefenbach, près de Vienne. Artiste, pacifiste, naturiste, Diefenbach prône la vie en harmonie avec la nature, la nourriture végétarienne, le rejet de toute religion et de la monogamie. Gusto, dégoutté par l’autoritarisme de Diefenbach, s’enfuit en 1898, un an avant la fin de la commune. Avec son frère, il va participer à la fondation de Monte Verità, en 1901. Qu’il quittera en 1911 pour la banlieue de Berlin où il poursuit sa forme d‘activisme philosophique.

Gusto-Gargantua, à Berlin

Activisme qui va être très vite considéré comme politique… par les politiques. Expulsé de Berlin, il retourne en Autriche où ça se gâte franchement. En 1915 il est condamné à mort comme objecteur de conscience. Finalement déclaré dingue il est interné. Relâché, il reprend sans désemparer sa campagne anti-guerre. En 1919 il entreprend une ‘croisade de l’amour’ avec un autre type à peu près aussi fêlé que lui (dans le sens plutôt positif), Friedrich Muck-Lamberty. [Sur Muck-Lamberty on trouve : en mai 1920, sous la direction de Muck-Lamberty, un groupe de jeunes de la ville de Hartenstein entreprend une expédition à travers la Franconie et la Thuringe. Premier objectif, le rassemblement de Pentecôte des oiseaux migrateurs en Haute-Franconie. Là, Muck appelle à la fondation du Neuen Schar, le Groupe Nouveau. Puis ils poursuivent le voyage vers Coburg, Sonneberg, Saalfeld, Rudolfstadt, Iéna, Weimar, Erfurt et Gotha en passant par Eisenach et Wartburg. Selon Muck le but de l’expédition est de rassembler la communauté des jeunes contre tout ce qui est commun (sic) et contre l’exploitation ».] Ce qui m’intéresse tout spécialement c’est qu’on dit que cette ‘croisade de l’amour’ est le sujet du livre de Hesse, Le voyage en orient. Je ne crois pas. (Mais on va voir ça de plus près.) Après la croisade, Gusto continue ses conférences anti-guerre. Il s’installe dans la commune de Grunhurst (peut-être à Berlin, mais je ne trouve aucune info). En 33, à l’arrivée au pouvoir du parti NAZI, la commune va être détruite et beaucoup de ses habitants (dont des membres de sa famille) sont tués ou déportés. Gusto se réfugie dans le grenier d’un ami poète à Munich. Il ne sort pas et écrit ses pièces les plus reconnues (sic) comme Siebenmahl et Brieflein Wunderbar. (Sur lesquelles je ne trouve aucune info non plus !). Il passe à Munich les dernières années de sa vie, Diogène moderne, à ceci près (ou en ceci) qu’il fréquente la bibliothèque… et écrit.

 Gusto-Diogène, à Munich après la seconde guerre

Pour le moment on est à Monte Verità. Raconté par Harald Szeeman qui s’est plongé dans les archives pendant 6 ans. (Qui aurait même séjourné sur la colline?) ….

Les ‘montagnards de la vérité’ s’inspirent de la Lebensreform (la réforme de la vie), dont Diefenbach est l’un des prophètes. Un autre est Adolf Just, et son Retour à la nature, 1895, en allemand, Kehrt zur Natur zurück! Die wahre naturgemäße Heil- und Lebensweise. Wasser, Licht, Luft, Erde, Früchte und wirkliches Christentum. Le retour à la nature. La vraie/véritable manière de vivre et de guérir. L’eau, la lumière, l’air, la terre, les fruits et le véritable christianisme. (C’est à dire ? Suivre l’exemple du Christ?)

Première réforme l’habillement. Naturisme ou vêtements amples et simples, des sortes de toges. Seconde réforme, la nourriture, végétarienne. Et puis l’habitation, spartiate, lumineuse. Le corps, exercice physique, bains et danse, nus.

Laban et ses danseurs(ses) à Monte Verità

L’organisation sociale, coopérative. Et puis l’émancipation (sic) des femmes. L’unité. Le refus de la séparation. Szeeman parle d’une ‘communauté chrétienne-communiste’. Dans cet ordre. Une communauté communiste ? ...